Sujet, subjectivation, désubjectivation
Coordination et responsabilité pédagogique : Martine Leibovici
Pour le deuxième semestre : Le séminaire a toujours lieu le jeudi de 17h à 19h, Amphi 1, Olympe de Gouges.
Pour le premier semestre : Le séminaire a toujours lieu le jeudi de 17h à 19h (dès 16h pour les étudiants)
Amphi 50, Dalle des Olympiades les 27 septembre, 4 octobre, 18 octobre, salle ENT11, Bâtiment Olympe de Gouges, à partir du 25 octobre
Le séminaire de cette année poursuit la réflexion engagée depuis trois ans sur le concept de sujet tel qu’il est présupposé par les sciences sociales.
Ce concept est loin d’être univoque. Il a une longue histoire dans la philosophie occidentale et a été fortement questionné voire déconstruit dans les années 1970. Notre réflexion ne s’inscrit pas pour autant dans un supposé « retour du sujet » ou « au sujet », qui aurait fait suite à cette critique. Cette critique fut au contraire salutaire. Cependant, afin de préserver la possibilité de la liberté, sans la supposer émaner d’une instance consciente et maitresse d’elle-même, nous nous orientons de plus en plus vers la notion de subjectivation, comprise comme un processus d’accès à soi-même en relation avec les autres, faisant d’une personne une autre tout en restant elle-même, le devenir-sujet opérant alors plus comme une désidentification que comme une identification.
Une telle réflexion nous parait nécessaire aujourd’hui, dans la mesure où la société dans laquelle nous vivons (occidentale tout du moins) nous semble confrontée à deux mouvements apparemment contradictoires.
D’un côté, en rapport avec le développement des sciences et des techniques, chacun est confronté à des injonctions de plus en plus pressantes de prendre soi-même des décisions autrefois laissées au hasard - en matière de procréation ou de maladie par exemple. Autre exemple : la « responsabilisation » - en lien avec le recul de l’État social - vise à faire de chacun, jusque dans des situations liées à la structure de l’économie comme le chômage, le « sujet » de sa propre vie. Pour être sociales, ces injonctions n’en pénètrent pas moins au cœur des vies individuelles, et sont partie prenantes de processus de subjectivation, de façons contemporaines de devenir sujet.
On peut, d’un autre côté, décrire de nombreuses situations comme des situations de désubjectivation, en tant qu’elles privent certains individus des conditions minimales d’un devenir-sujet : pauvreté, sans-abrisme, voire clandestinité due à la migration. On pourrait se demander cependant si, dans de tels cadres, des processus de subjectivation généralement inaperçus ne sont pas, de fait, à l’œuvre, différents cependant de ceux qu’induisent les injonctions à une subjectivation d’individu « responsable ».
Dans le prolongement de cette réflexion, une interrogation sur la subjectivation politique contemporaine est nécessaire. Quelle est sa spécificité ? Comment est-elle affectée par le mouvement contradictoire que nous venons de dégager ? Pour prendre en compte les situations et pratiques sociales abordées par le séminaire, sans les considérer nécessairement comme directement politiques, il s’agira d’interroger les modalités de subjectivation politique qui s’y produisent, dans le cadre d’une réflexion plus générale sur la citoyenneté.